Jean Luc Huberlot réussi à loger un films aux allures de western très contemporain au coeur du Sénégal.
SALOUM: un film produit par Paméla Diop (LACME STUDIOS Sénégal)/ une histoire de Jean Luc Huberlot et Paméla Diop / Un scénario et un film de Jean Luc Huberlot / 80 minutes / Action – Horreur – Fantastique – Aventure / Langues: Français & Wolof / Avec Yann Gael, Roger Sallah, Mentor Bah, Evelyne Ily, Bruno Henri / Sénégal / 2022. -12 ans.
Un trio de mercenaire, les hyènes de Bangui, en fuite après un coup juteux avec un narco-trafiquant mexicain qu’ils doivent conduire sain et sauf à Dakar, échoue … accidentellement(?) dans la région de Saloum, question de se faire oublier pendant 3 jours. Ils posent leurs bagages dans une sorte de camp pour touristes tenu par un ancien militaire reconverti en businessman. Mais de tous les hôtes, personne ne semble être là au hasard. Et le petit séjour va prendre des allures de Far West quand les esprits et la vengeance vont se déchaîner.
Voilà planté le décor de Saloum, que certains ampureux du western pourrait entendre comme Saloon. Et oui, il y a comme un air de western dans cette histoire, avec une grosse influence de Tarantino. Et le réalisateur assume d’ailleurs cette référence au western quand il signe au début du film : »un Southern de Jean Luc Huberlot ».
Voilà planté le décor de Saloum, que certains amoureux du western pourrait entendre comme Saloon. Et oui, il y a comme un air de western dans cette histoire, avec une grosse influence de Tarantino. Et le réalisateur assume d’ailleurs cette référence au western quand il signe au début du film : »un Southern de Jean Luc Huberlot ».
L’idée de faire un film dans cette région est né dans l’esprit d’une fille du coin; le père de Pamela Diop y a fait un film dans les années ’70, et sa mère y est originaire. L’idée a séduite Jean Luc Huberlot qui l’a suivi dans ce « combat de David contre Goliath »., dira-t-elle. Et le pari est réussi: dans des plans larges d’une beauté reversante à travers des panoramiques et des vues aériennes entre autres, on nous laisse apprécier la beauté sauvage et pure de ce pays. Si au début c’est une alternance entre plans larges et serrés (classique … western), avec le temps ça s’ouvre de plus en plus. Le temps de respirer, de faire tomber la pression. On se laisse un peu attendrir par ce tenancier de refuge touristique (incarné par Bruno Henri). Jusqu’à ce que tout rebascule dans l’horreur. Oui, l’horreur qui ouvre le film avec des premières images d’un massacre comme on en a le secret en Afrique. Et ça, l’auteur assume encore. Dans l’énumération du palmarès de ces mercenaires (long comme les péchés du diable), il cite sans détour les conflits en Centrafrique, en Côte d’Ivoire en Guinée Bissau… Ce qui a le mérite en un clin d’oeil de nous ramener brutalement dans une Afrique contemporaine, livrée au narcos et à des coups d’Etats aussi incensés et bien souvent plus sanglants les uns que les autres.
Au fil des événements, le réalisateur prend de l’envol, ferme le cadre et nous embrigade dans une tension qu’il installe doucement mais sûrement. Et tout va en vrille quand apparaissent les esprits. Les effets spéciaux sont très réussis: rien à redire (à moins de chercher à tout prix le poux sur la tête d’un chauve), combinés à un mixage parfait, cela vous saisi et vous n’avez pas le temps dire mot, si ce n’est pas exprimer ces émotions qu’il enferme dans vos tripes comme une boule de feu. On aurait pu penser que Jean Luc aurait trouvé un échappatoire pour éviter les effets spéciaux. Que non! Il y va! Et pas pendant 2 minutes! Toute la fin du film en est truffé pour notre plus grand plaisir. Et cette tension, les acteurs le portent si bien… Evelyne Ily, passe tout un film à parler en langue des signes, malentendante qu’elle est (dans le film), elle se livre à des scènes d’action…. une performance qui montre tout le challenge que ce film a dû être pour Yann Gael (Chaka), Bruno Henri (Omar / Remington), Roger Sallah, Mentor Bah (Minuit), renaud Farah (Felix). Des vraies performance où se mêlent le sérieux, l’humour, un faux flirt qui n’en est jamais un parce que finalement, dans ce monde de brutes, il n’y a peut-être pas de place pour l’amour.
L’amour. IL y en a peut-être sous une autre forme dans ce film mais elle est sauvage, brutale et abjecte. L’histoire de Chaka jeune et de Remington est un drame absolu. Ce drame que cette ordure d’Omar a perpétué avec le temps; réveillant l’esprit de vengeance. Cette vengeance qui finit par tout faire capoter et libérer les forces de la nature. Et là encore est une des forces de cette histoire: comme dans Eki d’Anna Gomis, il y a une place importante pour le surnaturel qui s’encre dans la culture locale. Elle est peut-être montrée sous le prisme d’une force maléfique mais elle indique peut-être que dans ces terres, la place des traditions et de la « sorcellerie » (pas dans son sens commun et péjoratif) est encore chaude. C’est peut-être là où se cache le talon d’achille de cette oeuvre. L’auteur en étant scénariste et réalisateur, a-t-il même de façon inconsciente gardé certaines clés pour lui?
Toujours est-il que la chute du film est retournante et violente comme un train qui vous rentre dessus. Et le réalisateur ne vous laisse pas le temps de trop vous poser des questions.
Saloum est un chef d’oeuvre. Ce n’est pas un film « africain » comme pourrait le traiter certains avec l’idée des films bas de gamme qu’on peut faire sur le continent. C’est un film africain, fait au Sénégal mais avec une force étonnante. David une fois de plus à terrassé Goliath.
Il faudra le regarder.
Note de Septième Magazine: 4/5
Rétroliens/Pings