Depuis son ouverture il y a plusieurs mois déjà, la programmation de la salle de Cinéma reste désespérément vide et la salle noire.

L’une des conséquences de la chute fracassante de l’industrie cinématographique camerounaise en construction avec la mort du FODIC a été la fermeture des salles de cinéma les unes après les autres. Toutes villes du Cameroun ont vu leurs salles transformées en magasins, églises ou simplement tomber en ruine.
L’arrivée de Ama Tutu Muna à la tête du Ministère des Arts et de la culture avait amené de nombreux espoirs, parmi lesquels la réouverture des salles au moins dans les grandes villes. Malgré son départ sous les huées de certains artistes avec un ouf de soulagement, malgré les nombreuses déceptions, particulièrement celles des cinéastes, elle aura quand même pu léguer la réhabilitation de la salle aujourd’hui connue sous le nom de Sita Bella.
L’un des principaux reproches alors faits à Tutu Muna était de n’avoir même pas été capable d’ouvrir une seule salle. Les producteurs et réalisateurs criaient à qui voulait l’entendre que s’il miseraient c’était à cause de l’absence de salle; ils ajoutaient qu’ils étaient obligés de se rabattre vers Douala Bercy et les salles feutrées des hôtes qui leur coutent cher et ne sont pourtant pas des salles de projections conventionnelles.
Voilà déjà plusieurs mois que la salle Sita Bella a été ouverte et mise à disposition des cinéastes. Force est de constater que la programmation reste aussi muette que la carte d’un restaurant qui a fermé les portes. Lors d’une rencontre organisée par le gestionnaire des lieux, Hans Mbong, avec les cinéastes, des pistes de réflexions ont été évoquées. Mais il en ressort que le cinéastes ont pour la plupart plaidé pour une cession gratuite de la salle. Chose absurde. Sita Bella est mise à disposition pour 150 000f CFA. Bien loin en dessous du million demandé par Douala Bercy et des centaines de mille du Hilton. Un autre reproche fait par les cinéastes est le nombre restreint de places (108).
La meilleure piste ne serait-elle cependant pas l’incapacité de ces cinéastes à proposer des films de qualité (scénario, son, image, jeu d’acteurs), en quantité suffisante pour tenir le public pendant plusieurs semaines. Dans un contexte où les producteurs et réalisateurs font à peine un film long métrage tous les trois ans, l’ouverture de Sita Bella s’apparente à l’ouverture d’un débit de boisson en pleine milieu d’un monastère.
La responsabilité est partagée. Mais elle l’est certainement plus dans le camp des cinéastes. Plus encore dans celui des producteurs et des distributeurs (inexistants/invisibles). Plusieurs mois après l’ouverture de Sita Bella, l’écran reste désespérément noir et la salle avec, faute de films et de programmation. Il est clair que cela doit changer. Face à un public d’une part qui a perdu l’habitude d’aller en salle, et d’autre part qui ne l’a jamais connue, une sorte de rééducation doit se faire. Les producteurs / distributeurs doivent d’abord remplir cette salle de 108 places, habituer de nouveau les cinéphiles à regarder du beau spectacle sur un écran géant avant de penser repartir à la conquête des salles de la hauteur de l’Abbia.