Le phénomène de harcèlement sexuel et même de viol existent et sont plus présents qu’on le pense dans le secteur du cinéma au Cameroun. Est-ce un milieu dangereux pour les femmes?

A l’heure où le producteur américain jadis très puissant, Harvey Weinstein, fait face une seconde fois à ses juges, nous nous sommes interrogés sur le visage que prend les faits qui lui sont reprochés au Cameroun. Harvey Weinstein a été accusé par de nombreuses femmes de viol. Il a déjà été condamné à 23 ans de prison et risque plus de 100 ans dans ce deuxième procès. Il nie les faits qui lui sont reprochés et parle de relations consenties. Parmi ses victimes on cite des noms comme Cate Blanchett, Eva Green, Léa Seydoux, Lupita Nyongo’o, Angelina Jolie… Une liste de pas moins de 81 noms est d’ailleurs disponible sur la page Wikipedia réservée à cette affaire appelée « l’affaire Weinstien ».

>>>  https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Harvey_Weinstein

Une agression sexuelle désigne tout acte de nature sexuelle, verbal ou physique, non consenti. Dans la plupart des pays, la législation indique que l’agression doit être imposée par une contrainte physique ou psychologique pour être considérée comme un crime. – Wikipedia.

Des jeunes femmes débutantes dans le métier sont parfois la proie de féroces prédateurs sans scrupule qui ne reculent devant rien. Nous avons eu à discuter avec certaines d’entre elles. Premier constat, les victimes ne veulent pas en parler. Souvent intimidée par leurs bourreaux, apeurée à l’idée de ne plus être appelées ou pensant être à l’origine de ce qui leur arrive, elles se taisent.

Les profils des bourreaux sont divers : acteurs, réalisateurs, metteurs en scène…

En tant que femmes, elles s’attendent bien sûr à faire l’objet de propositions diverses. Mais très souvent ça vire au cauchemar. L’un des visages de cette affaire c’est le harcèlement : dans ce cas de figure, le monsieur malgré qu’il ait essuyé un refus n’arrête pas d’être insistant. Il va lui donner un petit nom (ma femme, ma chérie, bébé…). Il se montre tactile, des mains baladeuses, des messages salaces et très suggestifs dans le téléphone, des appels incessants. Certains iront jusqu’à faire des photos aux contenus inavouables. Nous avons recueilli quelques témoignages. Pour des questions de sécurité et de confidentialité, nous avons promis de garder l’anonymat des victimes. De plus, elles n’ont pas de preuves, c’est leur parole contre la leur. Et elles sont conscientes qu’elles seront sans doute contestées.

Cas #1 :

Elle en a bavé, on va dire. Dans un premier cas, elle est appelée par un réalisateur qui lui propose un rôle dans une série. Il l’invite chez lui pour en parler. Elle ne se doute de rien d’autant plus qu’ils se connaissent. Une fois chez lui, il lui dit combien il est amoureux d’elle. Elle lui dit qu’elle est venue pour le projet et pas pour autre chose. Il semble avoir compris. Et comme par hasard, à la distribution des rôles, elle n’a plus eu le rôle en question. A cette date, elle n’aurait pas été payée alors que le projet a été diffusé.

Cas #2 :

Dans le second cas, l’actrice est invitée par un collègue qui lui fait miroiter un rôle principal dans un projet. Il l’invite pour une réunion. Elle y va. Au bout d’un moment, elle se rend compte qu’elle est seule à ladite réunion qui se tient… chez lui. Elle décide de rentrer mais le monsieur ferme sa porte. Il lui dit combien elle est belle, combien il aimerait avoir une relation avec elle. Elle refuse ; elle venait pour un projet et pas autre chose. De plus, elle n’est pas intéressée par lui. Face à ce refus, il décide de s’y prendre par force. Ils se battent et il finit par prendre le dessus sur elle. Il la traine dans sa chambre et abuse d’elle.

Il m’a dit que je ne peux pas sortir de nulle part et briller tout d’un coup. Que c’est ma première fois de jouer dans un film en plus avec une grande actrice comme… Donc que si je voulais vraiment on devait passer une nuit ensemble

Cas #3 :

La jeune fille, jeune étudiante, rêve d’une carrière dans le cinéma. Elle est approchée par un réalisateur qui lui donne un rôle assez important dans un projet de film. Mais vu qu’elle n’a jamais joué encore et qui plus est en incarnant un premier rôle, elle est appelée à se rendre dans une autre ville pour subir une formation accélérée. Elle débarque dans la ville, toute motivée. Mais elle déchante tout de suite quand le réalisateur la reçoit et lui fait comprendre qu’elle « ne peut pas sortir de nulle part et briller tout d’un coup ». Il ajoute que c’est sa première fois de jouer dans un film en plus avec une grande actrice comme … Et donc que si elle veut vraiment le rôle, ils devraient passer une nuit ensemble ». Elle heureusement refusé et leur collaboration s’est arrêtée là. Il semble d’ailleurs que ledit film ne soit jamais sorti.

Cas #4:

La jeune femme comme les autres fois, est invitée par un producteur qui lui fait miroiter un rôle. Elle se rend chez lui mais les choses dégénèrent quand il lui fait des avances. Elle se refuse à lui. Une fois de plus, ne pouvant parvenir à ses fins par la persuasion, il décide d’utiliser la force. Elle le supplie de ne pas lui imposer cela, elle se débat mais n’en a rien à faire, il est plus fort. Il la dévêtit et laisse totalement nue. Il la laisse ainsi. Il la regarde sous toutes les coutures, lui ordonnant de se retourner. Une fois qu’il a fini, il lui intime l’ordre de se rhabiller et la congédie. Brimade, violence physique, psychologique et humiliation.

Lupita Nyongo’o et le producteur Harvey Weinstein qu’elle a accusé de harcèlement.

Le modus operandi est bien huilé. Le bourreau cible généralement des débutantes ou des femmes pas très connues ou inexpérimentées. Ils leur font miroiter un rôle (de préférence un premier rôle) et ensuite leur propose de les faire éclore. La suite c’est une invitation pour une répétition généralement « chez lui » ou dans un hôtel où la proposition indécente est faite ostensiblement. Certaines s’en tire mieux, tout juste traumatisée et reparte sans dommage physique. D’autres sont violentées, humiliées et même violées comme en témoignent les cas cités plus haut.

Le phénomène apparemment très courant fait l’objet d’une certaine omerta. Il est important pour les femmes qui se lance dans le cinéma (Actrices, techniciennes, autrices, productrices…) sachent que le sexe n’est pas un mode de formation, de financement ou de réalisation d’un film. Elles ne doivent pas penser qu’il est normal de coucher avec un réalisateur, un producteur ou un autre acteur afin de voir un casting validé.

Les langues sont liées, certaines sont jeunes et naïves et en face, on a des bourreaux qui en profitent et jettent l’opprobre sur tout un métier. Ça ne sera jamais assez propre mais il est important que chacun sache ce qui est normal et ce qui ne l’est pas.

Suivez l’hashtag #MeToo237  

%d