Une première tant attendue…
Après son prix au Fespaco dans la catégorie série, Mami Wata était plus que jamais attendue. De plus, c’est la première oeuvre du genre de la scénariste et réalisatrice Franco-gabonaise Samantha Biffot, auteure entre autre du documentaire L’africain Qui Voulait Voler et de la série Parents Mode D’emploi version Afrique. L’attente commençait à être intenable. Et finalement, la série a été dévoilée à toute l’Afrique, à grand renfort de communication, comme sait le faire le diffuseur Canal+, qui signe la création originale.

Une histoire de Mami Wata
Qui en Afrique centrale n’a pas entendu parlé de Mami Wata? Même dans les zones inattendue (Sahel, nord Cameroun) les histoires de Mami wata circulent. La créatrice et les scénaristes de l’histoire (Samantha Biffot, Olivia Biffot et Olivier Messa; un trio gabonais) a su rentrer dans ce thème et en sortir une histoire qui dès les premières minutes vous tient au tripes. En effet, si on peut voir en cette série, un produit qu’il faut prendre le temps de regarder, sans se presser, il faut reconnaître que l’écriture a su, dans des intervalles réguliers, créer des rebondissements, des interrogations qui font en sorte que l’intérêt du téléspectateur reste intacte pendant 52 minutes. On n’a qu’à espérer qu’il en soit ainsi pendant les 6 autres épisodes attendus.

Au-delà de l’histoire…
Au-delà de l’histoire, il y a une démarche cinématographique qu’on dirait aboutie. L’une des faiblesses des séries TV actuelles (surtout en Afrique centrale) réside dans une faiblesse technique généralement camouflée derrière de beaux costumes, des belles greffes et des images trop colorées. Quand on n’a pas un scénario faible et une mauvaise réalisation, on a un scénario fort et une réalisation bancale. Mami Wata corrige un peu tout cela. Le choix des plans, celui des mouvements de caméras, l’éclairage (loin ici d’être un simple éclairement), la direction d’acteur, la bande son… participent activement de l’histoire. Il y a entre autres ces coupures franches qui existent entre les séquences de flash-back et le présent qui marquent comme une continuité entre les événements de 2003 et ceux du présent. La caméra, extérieure à l’action, posée et n’ouvrant pas trop, surtout dans les dialogues nous enferme dans l’instant, nous emprisonne dans cet univers sauvage, angoissant mais qui devient si attachant au fil des événements.

Mami Wata est sans doute, dans l’univers sériel, une pierre blanche en Afrique centrale, du moins pour ce qui est des séries récentes, et un élément d’exposition pour le Gabon qui, absent des écrans, marque là un grand coup. C’est une équipe jeune, dynamique où les femmes ont eu toute leur place; une équipe venue d’un peu partout en Afrique (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Afrique du Sud…) qui s’est lancé dans ce pari fou, qui a tourné dans des conditions incroyablement difficiles dans la forêt équatoriale gabonaise pendant des semaines interminables et qui aujourd’hui récolte les fruits.
Tout commence en effet par une idée, une histoire qui connecte des hommes et des esprits afin que par la magie de l’art, des pensées intangibles deviennent des moments d’émotions qui n’ont pas de prix.
Bravo à la production! Et que vive le 7e art en Afrique et le Gabon…
Fiche Technique de la série: Genre : Thriller, Fantastique /Pays : Gabon /Format : 8 épisodes de 52 minutes
Création : Samantha BIFFOT / Scénario: Samantha Biffot, Olivia Biffot, Olivier Messa / Réalisation : Samantha BIFFOT et Marco TCHICOT / Casting : Olivia BIFFOT, Ivane IZANGAUD, Jean-Claude MPAKA, Marie-Michelle ZWANK, Christian NGOUAH-BEAUD, Jean-Fidèle NZIENGUI NZAMBA… / Production : ON EST ENSEMBLE PROD, en co-production avec PRINCESSE M PROD, MERVEILLES PROD et CANAL+ INTERNATIONAL.