
La série Camerounaise la plus suivie a débuté la diffusion de sa troisième saison. Voici nos plus et nos moins.
Quelles sont donc les forces et les faiblesses de Madame Monsieur? Qu’est-ce qui fait tant courir les téléspectateurs et qu’est-ce qui pourrait être le talon d’achille?
D’entrée, il faut noter que Madame Monsieur se présente comme un feuilleton. Ce n’est pas une série à épisodes bouclés comme on peut voir dans d’autres cas. De ce fait, on peut comprendre certaines choses et certains choix du producteur.
Les plus:
Madame Monsieur prend sa première force dans le concept; pas extraordinaire mais assez attrayant. C’est justement cela le plus! Faire de choses « banales » ou apparemment faciles pour en faire un produit attrayant. Des couples qui vivent des histoires d’amour, des drames et le tout dans un contexte glamour.
Le casting. La série a réussi à ramener sur le petit écran des visages qui avaient déjà construit une notoriété au cinéma. C’est un casting qui met ensemble un parterre important de talents sûrs du jeu d’acteur au Cameroun: Rigobert Tamwa, Joel Patrick Oyono, Hervé Nguetch, Passy Ngah, Hortavie Mpondo, Axel Abessolo. De plus, il en fait découvrir. Ce sont soit des jeunes des réseaux sociaux qui ont l’occasion de se frotter à un tournage plus rodé, soit ce sont des visages de guests ou des acteurs prometteurs inconnus du public, quand ce ne sont pas des grosses figures un peu en retrait.
Les décors et les costumes: c’est une force et une faiblesse. La force dans le sens où on a du beau, du chic, des couleurs qui changent un peu du misérabilisme qu’on montre de l’Afrique et très souvent même par les Africains eux-mêmes. Une faiblesse dans le sens où les personnages sont à longueur d’épisodes tirés à 4 épingles… à croire qu’ils n’ont pas de vie en dehors de leurs crêpages de chignons…
Les moins…
Le scénario: ce feuilleton chorale met en scène une foule de personnages… normal pour un feuilleton. Mais les intrigues avancent lentement et sont plus mises en mouvement par les dialogues que par des faits. Lesquels dialogues sont parfois un peu longs… parfois … Il y a comme une masse de dialogues. La force des choses est plus mise parfois dans des punchlines du dialoguiste. Le risque étant que ces punchlines n’aient pas toujours l’effet escompté. Ceci pourrait encore passer mais…
…Mais la mise en scène est extrêmement simpliste. On a donc des comédiens qui débitent des dialoguent mais jouent très peu.
Le deuxième moins: la mise en scène. Les comédiens sont toujours (1,75 fois sur 2) soit assis, soit debout. Même dans la rue, très souvent, ils sont cloués sur place. Les scènes d’intérieur souffrent encore plus de cela, surtout quand on a plus de 5 personnages. Il n’y a aucun mouvement de caméra, pas de mouvement des comédiens. On peut dire que l’aspect artistique n’est pas au rendez-vous. Il y a une écriture des images qui doit contribuer à la narration et même à la beauté des images: travelling, flou artistique, profondeur de champ, musique… Ce qui entraîne une autre faiblesse et pas des moindres.
Le jeu des acteurs: le fait qu’on ait donc des acteurs qui sont statiques la plupart du temps ne leur permet pas de vraiment jouer; leur interaction avec la caméra est presqu’inexsitante et on peut très souvent passer à côté de performances, de jeux qui peuvent sublimer le scénario, des textes, et même des séquences entières.
L’absence du nom du créateur de la série au générique de début est aussi un manquement. Au Cameroun, très souvent, les créateurs des séries sont ignorées aux crédit. Ce n’est pas normal. C’est un gros manquement qui on espère sera corrigé.
Madame Monsieur saison 3 est une série qui a donné une visibilité certaine au Cameroun. Il est donc question, de surfer sur cette vague pour transformer l’essai. De nombreuses productions Camerounaises envahissent les écrans locaux et panafricains. C’est déjà de gagné. Mais on peut se demander aussi, quels histoires raconter désormais?