
Les blockbusters pourraient représenter une grosse opportunité pour les producteurs de ramener le public en salle.
Le cinéma en Afrique tarde véritablement encore à réellement prendre la place qui devait être la sienne. André Malraux disait que « le cinéma au-delà d’un art, est une industrie ». Peu semblent être les pays en Afrique qui l’ont compris. Le Nigéria, le Maroc, l’Afrique du Sud entre autres dans une liste très courte, sont des exceptions.
En Afrique, les auteurs se sont longtemps enfermés dans le cinéma d’auteurs (sauf leur respect et leur importance). La baisse du nombre de guichets, la fermeture des salles pendant plusieurs decennies, le manque de plans réels dans de la part des Etats entre autres n’ont pas fini d’arranger les choses.
Les films faits en Afrique ne circulent pas énormément sur le continent. La preuve, les films primés dans les festivals comme Ecrans Noirs, Khouribga, Carthage, Fespaco sont très peu vus par le public. Et quand ils le sont, ils sont boudés par le public… les cinéastes encore arrivent à les regarder mais le grand public, non. Le palmarès même de ces films ne réussissent pas toujours à convaincre de venir les voir. Les festivals en eux-mêmes ne sont plus très courus, symbole du désintérêt quasi général. Et quand il vient voir les films, ce public, il est bien surpris de la qualité qui s’est bien améliorée… en général.
Et si les blockbusters étaient la clé pour réconcilier les cinéphiles avec la fréquentation des salles pour regarder les films faits en Afrique et par des Africains? La réaction du public à la sortie du film Saloum de Jean Luc Huberlot contribue bien à nous conforter dans cette idée. Le cinéma est d’abord un lieu de détente, un lieu où les familles, les amis, les amoureux voudraient aller. On va en salle pour regarder du spectacle.
On parlera bien sûr de budget, de moyens techniques, de ressources humaines… mais tout ceci n’est rien d’infranchissable. Car ce qui se conçoit bien se construit clairement et les moyens pour le faire arrivent aisément. Il s’agit de raconter des histoires d’Afrique, à notre public et au monde. D’adapter peut-être les moyens à nos conditions. Il faut commencer quelque part, mettre de la force dans les scénarii et mettre en avant les visages de plus en plus connus dans le jeu d’acteur. Et ne pas seulement se cantonner dans des séries de salons meublés. Ils ont leur force mais quand il s’agit de faire parler de cinéma, les salles et même les plateformes continuent d’être la chasse gardées des productions occidentales et américaines en particulier.
Le cas Saloum est un exemple de construction d’un projet, de financement, et de professionnalisme. On parle de professionnels! Et bien sûr, ici on parle de professionnels! Bien souvent sur le continent, il manque de professionnels aguerris notamment dans la production pour transformer des projets en films vus à l’écran.
Bien heureusement, dans ce ciel noir, quelques éclaircis sont apparus avec les salles Canal Olympia, Eden, Genesis… et les distributeurs comme #Diffa et Pathé BC Afrique accompagnés des plateformes de streaming (Netflix, Disney, Prime Video, Orange…)
En outre, les films américains, notamment les blockbusters continuent de faire courir les foules. Black Panther est resté à l’affiche pendant des semaines à Yaoundé notamment. Les films Marvel en général font courir les cinéphiles.
Depuis la réouverture des salles, la page dédiée au Cinéma Genesis situé dans le Grand Mall de Douala compte parmi les pages les plus visitées.
L’une des choses qui est reprochée aux responsables des grandes villes comme Yaoundé et Douala, c’est l’absence d’espaces de loisirs et notamment de cinémas.
Le champ des histoires africaines reste encore à explorer: biopics, histoires politiques, success stories, histoires d’amour… tout reste à faire! La preuve, qui en Afrique n’a pas entendu parler des amazones? Mais il a fallu que ce soit une production américaine qui les remette au bout du jour avec The Women King… Qui n’a pas entendu parler de Njoya et du Royaume Bamoun au Cameroun, des legendes des peuples d’Afrique centrale et leurs migrations?… Bref, le champ est large et les sujets infinis.
Le cas Kankan, le biopic de l’humoriste Camerounais le plus célèbre de l’histoire de ce pays et même au-delà (Dieudonné Afana Ebogo de son vrai nom), produit par Claye Edou, écrit et réalisé par Joseph Akama sortira le 21 octobre 2022 et fait déjà parler au Cameroun parce que réveillant au moins trois générations.
Scénaristes et producteurs devraient peut-être prendre un peu plus leurs responsabilités.
Je suis très d’accord !