LA FEMME DU FOSSOYEUR. Voilà le film qui aura donc retenu l’attention du jury en cette édition 27 du Fespaco. C’est un film somalien qui sort du lot autant qu’il surprend bon nombre des pronostics. On attendait La nuit des rois de Philippe Lacote mais le jury a pointé le doigt ailleurs: en Somalie.

La bande annonce du film « La femme du fossoyeur ».

Ce prix est d’autant plus important qu’il vient d’un pays dont ne parle que pour citer le nombre de morts, d’attentats et le décrire comme l’enfer sur terre; du pain béni pour les médias internationaux d’information qui s’en nourrissent littéralement. Pour une fois, les yeux du continent sont tournés vers le Somalie pour découvrir sa cinématographie à travers les yeux de Khadar Ayderus Ahmed.

Interview de Khader A. Ahmed à la semaine de la critique de Cannes.

A sa suite, il y’a comme Etalon d’Argent, « Freda » de Gessica Genus (Haïti) et en bronze  « Une histoire d’amour et de désir » de « Leyla Bouzid » (Tunisie).

« Freda » plus que jamais remet au bout du jour, entre autres thèmes, la question du décapage de la peau/ Les femmes à la peau clair semble avoir plus de chance de réussir dans la vie que celles qui ont la peau foncée. Et il y a la religion. Elle dit d’ailleurs que ce n’est pas la religion qui va nous sauver parce que la religion ne peut pas remplacer l’Etat. Pour elle, des pasteurs prennent possession de l’esprit des gens faibles et se rendent coupable de crimes odieux. C’est dit-elle dans une interview (voir le lien YouTube en-dessous) que c’est du crime organisé… Un film à regarder. Bien que tourné à Haïti, il est tellement encré sur le continent-mère.

Somalie, Haïti, Tunisie… Le Fespaco cette année a, on dirait, voulu exhumer des pays noirs, des pays d’Afrique qui au-delà des tsunami sociaux, politiques et culturels sortent du lot, font des propositions cinématographiques en rentrant dans des thématiques qui, au-delà de ce dans quoi on les a confinés, font du cinéma. C’est un discours sur la vie simplement. Parce que ces films sont de vraies propositions cinématographiques.

A l’heure où le Fespaco semble être plus que jamais à la croisée des chemins, celui d’un cinéma sur le continent africain qui se cherche, qui lutte entre (in-)dépendance financière et donc d’exister, de parole, discours et de point de vue, il est sans doute important de se pencher sur la qualité des films primés et de leur portée. Ils sont en effet la vitrine du cinéma fait en Afrique pour les deux années précédentes et les deux années à venir, du moins pour ce qui est du Fespaco.

L’universitaire camerounais Calvin Yadia aka Mor-Jougan s’est fendu d’un texte dont la portée et la profondeur sont à découvrir sur sa page Facebook.

En attendant, félicitations aux lauréats et que vivent les ciénémas d’Afrique.

Bande annonce d’Une histoire d’amour et de désir de Leyla Bouzid, Etalon de Bronze Fespaco 2021.
Bande annonce de « Freda » de Gessica Généus, Etalon d’argent fespaco 2021
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