A l’heure où les nouveaux médias et la course vers une industrialisation brûle parfois les étapes et immole la norme au nom de l’argent et d’une certaine notoriété, la critique est méconnue et honnie quand elle n’est pas redoutée, par plusieurs « pratiquants » du métier de cinéaste au Cameroun. Faire la critique d’un film s’apparente désormais à une activité risquée. Qui critique? Comment? Pour qui? Où? Voilà autant de questions que plus d’un se posent. Mais force est de constater que dans un espace normé, on ne poserait de telles questions que si on est ignorant de la chose. Et l’ignorance, il y en a dans nos rangs.

La faute à qui? A tous, et peut-être plus encore aux critiques professionnels de cinéma qui ont peut-être trop laissé l’espace vide. Et on le sait tous, la nature a horreur du vide. Soit les aventuriers l’occupent à des fins généralement non profitables pour la société et le métier; soit tout le monde s’improvise critique et ça va dans tous les sens.

Il est donc temps que dans le contexte camerounais actuel, les critiques de cinéma reprennent la main. Dans cette optique, deux jours d’exercice à la pratique de la critique cinématographique est organisée par Cinepress (l’association camerounaises des journalistes et critiques de cinéma) à l’attention de ses membres et des journalistes intéressés par cette branche.

Il faut un cadre d’expression normé de la critique cinématographique.

On ne peut plus nié le dynamisme des acteurs de la filière cinéma au Cameroun: longs métrages, séries, documentaires, web séries etc. foisonnent. Il ne se passe plus un mois sans qu’il y ait un film qui sorte en salle ou une série qui est diffusée sur les plateformes de streaming ou à la télé. Mais, l’accompagnement de ces oeuvres tant sur le plan de la communication que de la lecture critique est inexistante quand elle n’est pas désordonnée. Il faut un cadre d’expression normé et normalisé. Les oeuvres qui sortent DOIVENT être faire l’objet d’une critique, soit dans une publication clairement identifiée soit sur une page Facebook spécialement dédiée à la critique et clairement identifiée comme telle. Dans l’environnement ou un pourcentage très élevé des pratiquants du métier n’ont pas toujours une formation, on dira « classique », la critique peut aussi servir d’accompagnement pour une formation continue. Elle participe aussi de l’éducation du public et des cinéphiles.

Cinepress… et la critique sur le continent africain.

Cinepress est l’association des journalistes et critiques de cinéma du Cameroun, membre fondateur de la fédération panafricaine des critiques de cinéma. Elle est actuellement dirigée par Martial Ebenezer Nguea, journaliste et critique de cinéma dont la réputation a longtemps et largement dépassé les frontières de son Cameroun natal.
Sur le continent, la critique existe mais son impact sur l’industrie et plus encore sur les cinéphiles est à peine perceptible. Des sites et des revues comme Allo Cine ou Première en France jouent un rôle important dans l’accompagnement des oeuvres, leur perception par le public et donc la réception par ceux-ci. Le cinéma a son langage et il est universel. Un critique, qui maîtrise ce langage (sans obligatoirement être un cinéaste), qui a la culture cinématographique entre autres, peut donc émettre un avis certes subjectif mais étayé par des éléments techniques qui donnent toute la légitimité à son point de vue.

L’Afrique, devenue aujourd’hui la scène du futur pour les productions internationales se doit de donner toute la place qu’il faut à la critique.

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